
Pendant plusieurs années, il a réalisé pour Aviation Sans Frontières de multiples missions en Afrique aux commandes d’un Cessna 182. Ingénieur commercial de profession, ce pilote privé a ensuite créé la délégation Ouest. Rencontre avec Bernard CHECCAGLINI.
« Jeune, je voyais souvent passer des avions au-dessus de ma tête. J’étais à La Baule, une station balnéaire dotée d’un aérodrome. Un jour, j’ai eu une sorte de déclic et j’ai décidé d’apprendre à piloter. C’était en 1962. Après avoir réalisé une bonne partie de ma formation cette même année, je parvins à obtenir ma licence de pilote privé l’année suivante, puis à décrocher en 1965 mon brevet de planeur. Je me rappelle qu’à l’époque, pour financer mes heures de vol, je travaillais comme veilleur de nuit dans un hôtel de la ville. DR 250, Piper ou encore Cessna 150, j’ai ensuite volé sur différents types d’appareils et possède aujourd’hui plus de 2000 heures de vol.
Après une carrière d’ingénieur commercial dans une société de systèmes informatiques, j’ai connu Aviation Sans Frontières. C’était dans les années 2000, quelque temps après avoir débuté ma vie de retraité. Lors de mes années passées à l’aéro-club de La Baule, je me suis lié d’amitié avec un pilote professionnel qui œuvra aux côtés d’Aviation Sans Frontières. Au retour d’une mission qu’il réalisa au Tchad, il me parla de l’association et me lança : pourquoi tu ne partirais pas toi aussi ? Parce que j’avais très envie de vivre une expérience dans l’humanitaire, je décidai d’envoyer ma candidature à l’association. Sans toutefois trop y croire. Pour moi, c’était un peu comme lancer une bouteille à la mer, car je n’étais que ce qu’il est convenu d’appeler un pilote amateur. Et puis, un jour de novembre 2001, j’ai été contacté par le bureau des pilotes. Aviation Sans Frontières me proposait de partir en mission au Niger. Un pilote venait de leur faire faux bond et il fallait absolument trouver quelqu’un qui puisse le remplacer et assurer le transport d’ONG dans le désert du Ténéré. J’ai évidemment tout de suite accepté cette proposition et m’envolai le 1er janvier 2002 pour Niamey, puis Agadez. C’est dans cette ville située au nord du Niger que stationnait le Cessna 182 aux commandes duquel je réalisai cette mission de six semaines. Une première forte et riche expérience.
Un vol m’a plus particulièrement marqué. L’association Rencontres africaines réalisait des opérations de la cataracte au milieu du désert grâce à un camion transformé en hôpital. Dans cette salle d’opération itinérante, les chirurgiens pouvaient réaliser jusqu’à 40 interventions par jour. Le véhicule était tombé en panne et je devais aller lui porter assistance en acheminant une pièce mécanique à l’équipe. Je ne savais absolument pas où je devais aller. Heureusement, je fus accompagné par un Touareg qui me guida tout au long du voyage dans cette immensité désertique presque entièrement dépourvue de repères.
D’autres missions en Afrique ont suivi. Je suis notamment allé à plusieurs reprises à Tambacounda au Sénégal pour assurer des évacuations sanitaires vers Dakar.
Comme toutes ces missions m’ont beaucoup apporté sur le plan personnel, j’ai souhaité, en retour, remercier Aviation Sans Frontières en créant la délégation Ouest. C’était en 2003. Aujourd’hui, la délégation compte une trentaine de bénévoles et participe à l’envoi de colis pour la Messagerie Médicale ou encore organise des journées Ailes du Sourire (entre 5 à 8 par an). Toujours des moments très forts. Notamment lorsque nous recevons, quelques semaines après ces journées, des témoignages et des dessins de participants qui racontent le bonheur vécu à bord d’un avion. Car la solidarité est un magnifique échange où finalement on ne sait plus vraiment qui des bénéficiaires ou des aidants reçoivent le plus. »