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Baba quitte l'Ethiopie

Publié le 16/09/2013
Accompagnement de Réfugiés
Baba quitte l'Ethiopie

Ils m'appelaient "Baba"

Je retrouve en fin de soirée à l'aéroport d'Addis Abeba (Ethiopie) les huit enfants que je vais prendre en charge pour les amener à Toronto via Francfort. 

A ma surprise, alors qu'il fait au moins 22° dans le hall de l'aérogare, ils sont déjà habillés pour affronter les rigueurs de l'hiver canadien : gants de laine, écharpe et blouson en doudoune. Sous la capuche bordée de fourrure synthétique, ils ont même un bonnet de laine enfoncé jusqu'aux oreilles… 
J'ai bien du mal à tenter de les déshabiller car ils semblent craindre de ne pas retrouver leurs nouveaux habits et préfèrent tous transpirer en silence.

Cinq garçons et trois filles de la même fratrie qui vont retrouver leur père installé au Canada depuis deux ans. C'est le délai imposé aux réfugiés pour obtenir le regroupement familial. Le temps de trouver un job, un hébergement confortable et de prouver que l'on est bien intégré dans le pays qui vous accueille.

 

Mon correspondant d'IOM, l'organisation avec laquelle nous coopérons, me confie tous les documents nécessaires au voyage et à l'immigration officielle de mes petits voyageurs. Nous enregistrons les trois valises qui représentent tout ce qu'ils ont pu accumuler au cours de leur courte  vie.

Tout leur passé contenu dans trois petits bagages… Incroyable !
 
Ali, l'aîné de 14 ans et Shukri (12 ans) l'aînée des filles me prouvent en peu de temps, qu'ils ont l'habitude de s'occuper de la fratrie. Et c'est tant mieux car ils ne parlent que somalien mais le langage des gestes est heureusement universel.

A peine installés à bord, les écrans vidéo vont occuper tous les esprits. Il ne faudra pas longtemps à mes jeunes voyageurs pour savoir comment on accède aux dessins animés. L'équipage de la compagnie Lufthansa leur distribue généreusement des jeux de cartes, des crayons, des livres. Décollage, repas, atterrissage à Karthoum pour une courte escale et redécollage pour Francfort.
Peu à peu, compte tenu de l'heure tardive le sommeil gagne tout le monde.

Il est 6h du matin quand l'avion se pose à Francfort. Nous avons près de sept heures de transit avant de partir pour le Canada. Je repère de larges fauteuils et espère que ma troupe va continuer sa nuit…
C'était sans compter les émotions, les joies que provoquent les découvertes d'un monde nouveau : Tapis roulants, escalators, boutiques, décorations de Noël et toilettes. Là, c'est le point d'orgue avec l'eau qui coule quand on met ses mains sous le robinet. Et les serviettes en papier… dont le distributeur semble avoir un stock inépuisable.  Chacun se lave, se relave et même se re-relave.
Chaque découverte est prétexte à des questions posées par les plus jeunes qui commencent invariablement par "Baba" Je comprendrai plus tard que ce mot signifie "Père" en somalien.

Le vol suivant sera presque une formalité tant mes jeunes compagnons de voyage apprennent vite.
Trop vite même car à l'embarquement ils ont repéré les sièges situés près des hublots... J'assiste alors à une envolée de moineaux. Il me faudra montrer beaucoup d'autorité et user d'une grosse voix  pour asseoir tout le monde sur les fauteuils qui nous ont été assigné lesquels, hélas, sont situés au centre de la cabine.

 

Toronto 16h. Par le hublot j'aperçois le soleil déjà couchant et quelques tas de neige grise, vestiges de la dernière chute. La représentante d'IOM parle le somalien et va guider la fratrie vers les bureaux de l'immigration.

Dans quelques minutes ces huit gamins vont devenir "citoyens canadiens". 

Quel saut dans le futur depuis notre départ d'Addis Abeba. Trente minutes plus tard c'est la rencontre avec le père. Les étreintes sont discrètes, les plus âgés semblent vraiment heureux de retrouver leur père. Abdullahi  4 ans, et Nashir 5 ans, semblent moins empressés de se jeter dans les bras d'un homme dont ils n'ont plus vraiment le souvenir après deux ans de séparation.  L'instant est fort, empreint d'une émotion intense mais incroyablement contenue. J'imagine le basculement des vies de chacun. Le père Abdikadar, seul (sa femme est morte après la naissance du huitième enfant) se retrouve à la tête d'une large famille. Huit gamins à nourrir, à habiller, à éduquer…

Plus tard à l'hôtel, je lirai la lettre que le père m'a donnée en me jetant un regard reconnaissant, lettre dans laquelle il remercie Dieu de m'avoir mis sur sa route pour lui ramener ses enfants. Quelques mots simples et touchants qui représentent pour moi la plus belle récompense que l'on puisse recevoir à l'issue d'une telle mission.
                                    Jean Claude

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